La fin d'un amour
Je n’ai plus de mots. Les tiens n’ont plus d’âge.
Notre logis daigne à peine nous voir.
Mon feu s’est noyé dans l’eau du lavoir
Près duquel sonnait ton doux bavardage.
Ce fut là, Mon Dieu, que nous eûmes tant
Jour et nuit de foi, de trouble et de leurres.
Mais l’horloge a bu la flamme des heures
Sur la porte sèche à double battant.
Nous avons si mal. Rien déjà, personne !
Le silence même engourdit nos pas.
Je te cherche en vain, tu ne m’entends pas.
Seul parle l’ennui que le temps façonne.
Si nous n’étions qu’un, nous voilà bien deux
A tromper le vide énorme et funeste,
Osant un murmure, essayant un geste
Comme pour cogner un mur hasardeux.
Et l'aube meurtrie, en veuve qui souffre,
Saigne chaque fois d’un regard de moins.
Nous tournons le dos sans clef ni témoins ;
Et les songes tus ont la voix du gouffre.
Poème inédit extrait de "La Blessure des Mots"