La foi saccagée
Est-il un chemin tiède, une harpe, une voile
Que las, je puisse encore invoquer dans le soir,
Un pauvre coin de ciel qui remue et s'étoile
Et voit d'un coup fleurir le chaos le plus noir ?
Est-il sur mon sommeil agité quelque amante
A l'haleine limpide insufflant toute paix,
Une ébauche de feu sous l'écume dormante,
Un frôlement de cil au fond du mal épais ?
Est-il bien loin des flaques troubles et des haines,
Comme une brise neuve emmêlée à l'azur,
Un clapotis soyeux d'adorables fontaines
Au bord desquelles rit la main d'un enfant pur ?...
Mais non ! Mais non ! Rien n'a bougé que la vie aigre.
Les crapauds et les loups ont saccagé mon or ;
Et tout jusqu'à la foi, hurle et se désintègre
Au glas des mots salis et de l'horizon mort.
Poème extrait de " La Blessure des Mots "
retenu pour une deuxième édition