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Poésie de Thierry CABOT
1 janvier 2013

Un soir près de la fenêtre

Ils sonnent tant, ils sonnent tant ce vague soir,

Les noms limpides chuchotés sous une porte,

Ceux que je n’ose entendre au bout de ma foi morte

Et qui se tiennent là comme le désespoir.

 

Ils bougent trop, ils bougent trop, les cent visages

Dont le profil s’égare aux lacis du chemin,

Et dont je vois à peine en agitant la main

S’esquisser les contours dans le sommeil des âges.

 

Ils défilent sans but, déguenillés, si vieux,

Les emplois sur lesquels j’ai tissé maints dimanches

Pour ne gagner au fond que la lèpre à mes manches,

Le dégoût en mon cœur et le vide en mes yeux.

 

Ils se glissent vers moi, coulant de la fenêtre

Avec la cruauté d’une eau sourde qui luit,

Les jeux, les menus jeux inventés par celui

Où quelquefois soudain je crois me reconnaître.  

 

 

Poème inédit de "La Blessure des Mots"

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