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Poésie de Thierry CABOT
2 mars 2013

L'espérance

Je l'ai vue animant les rivières captives

Et les doigts et les fronts tout neigeux de sommeil ;

Je l'ai vue égayant des prunelles craintives

Que nimbait d'un éclair le soir jaune et vermeil.

 

Je l'ai vue à foison comme une cathédrale

Agiter l'infini sous l'envol blanc des choeurs,

Vue encore monter de spirale en spirale

Jusqu'à l'incandescence ultime de nos coeurs.

 

Elle s'est jointe aux cris, au silence, à la foule,

Aux longs rêves sans suite, aux choix morts sans destin,

A ce qui lutte et vole et retombe et s'écroule,

A ce que la nuit donne et reprend au matin.

 

Elle a caché la lie où mange le pauvre homme,

Adouci les coups bas redoublés du tyran,

Su rendre quelquefois le mal plus économe

Et conçu dans la boue un avenir plus grand.

 

Lumineuse malgré l'idéal qui nous leurre,

Elle a repeint le lit de l'ample déraison

Avec les jeux naïfs d'une belle dont l'heure

Va triomphalement sonner à l'horizon.

 

Contre les fades mets ou les breuvages blêmes,

Elle a cueilli miraculeux et nonpareil,

Le chaud nectar jailli du fond des gouffres mêmes,

En prêtresse que nul ne sèvre de soleil.

 

Elle a peuplé les nids, elle a bu l'or des fièvres,

Elle a fait exploser les champs bruns du désir,

L'Espérance, la nôtre, aux magnifiques lèvres

Sur lesquelles j'ai vu tous les âges fleurir.

 

 

Poème extrait de "La Blessure des Mots"

inédit

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